
Info Edition
Folio – 2023
582 pages
4e de couverture
« Même en plein soleil nous abritons en nous des vallées de ténèbres. Est-ce le prix à payer pour être humain ? »
Égaré dans les fjords loin de Reykjavík, un homme a perdu la mémoire. Dans le village où il s’est arrêté, tous semblent pourtant le connaître. Petit à petit, les récits qui lui sont faits le plongent dans la grande histoire d’une famille. Du XIXᵉ siècle à aujourd’hui, chaque destin est comme une tentative d’échapper à l’immuabilité de la vie islandaise. Un pasteur bouleversé par les lettres d’une inconnue, un fermier qui veut quitter sa terre pour faire des études, des amoureux qui ne peuvent vivre leur passion au grand jour… À travers ce puzzle romanesque extraordinaire, l’homme poursuit sa quête : qui est-il ? Et qui sommes-nous ? Comment aimer, comment mourir ?
Mon avis
Ce livre pourrait presque être qualifié d’ovni littéraire de par sa structure narrative. L’écriture de Jón Kalman Stefánsson, auteur que j’ai découvert grâce à ce roman, est à la fois particulièrement exigeante mais surtout empreinte d’une grande poésie. Il faut être à la fois très concentré pour parvenir à se situer dans le lieu et l’époque tout en se laissant porter par le personnage principal du roman qui raconte cette histoire.
Par la voix du narrateur, touché par une amnésie dont on ne sait d’où elle lui vient, on découvre le destin de plusieurs générations de personnages. Certains d’entre eux ont des liens dont la lumière va se faire tout au long des pages, d’autres se connaissent seulement pour avoir vécu au même endroit, pas forcément au même moment. Stefánsson nous fait voyager des magnifiques, et pourtant hostiles, terres d’Islande, jusqu’au soleil de Marseille. On y découvre la vie difficile des fermiers et des pêcheurs d’Islande au début du XXe siècle, et la vie tout aussi difficile d’un artiste-musicien qui essaye de vivre de sa passion en France.
Ce qui est le plus remarquable dans ce roman, c’est la façon avec laquelle l’auteur parle d’Amour. Celui entre deux amants qui sont transpercés par la flèche décochée par Cupidon, celui d’un père pour son fils, malgré sa difficulté à le lui exprimer, celui de grands-parents qui ont élevé un enfant illégitime sans rien attendre en retour, en lui portant un amour inconditionnel… Chacune de ces expressions de l’amour est magnifiquement racontée, tout en délicatesse et sensibilité.
Malgré l’exigence de l’écriture que je mentionne plus haut, je me suis facilement laissée porter par l’histoire et j’ai laissé les pages défiler toutes seules. Je suis maintenant curieuse de découvrir d’autres romans de Jón Kalman Stefánsson pour voir si ma première impression va être confirmée.
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