4e de couverture
Joseph a sept ans. Il est né après la Première Guerre mondiale dans les quartiers pauvres de la Bastille, à Paris. Grandir entouré de l’amour de sa mère et de sa grand-mère, apprendre et découvrir sont les moteurs de toute sa vie. Mais son monde bascule le jour où sa mère disparaît et où il devient pupille de l’État, un État qui a mis en place tout un système de « protection» des enfants pauvres, dont les bonnes intentions n’ont d’égal que la cruauté.
De la prison pour enfants à la colonie pénitentiaire, la force de Joseph, les coups de dés du hasard, et la découverte de la musique lui permettront de traverser le pire. Dans une France portée par l’espoir du Front Populaire, peut-être retrouvera-t-il sa vie et sa joie.
L’écriture intense de Véronique Olmi épouse le regard de ce gamin tendre et courageux confronté à la violence du monde adulte. Jamais, depuis Bakhita, la romancière n’avait trouvé une voix aussi puissante et juste pour raconter la renaissance d’un être à la vie. Un roman déchirant et révolté, un des plus beaux textes sur l’enfance à l’aube du siècle dernier.
Mon avis
Je pourrais faire de nombreux détours, argumenter pendant des heures (ce que je ferai quand même toute de suite après), mais l’évidence est que ce roman a été un véritable coup de poing autant qu’un coup de cœur !
Tout est parfait dans ce roman.
Véronique Olmi y met en scène Joseph, un gamin Parisien d’à peine 7 ans au début du roman qui vit une vie très modeste auprès de sa mère, plumassière, et sa grand-mère. Malgré des conditions de vie difficiles, Joseph est entouré de beaucoup d’amour et il déambule dans les rues de Paris avec toute l’insouciance qu’il mérite.
Un drame va se produire qui va venir ébranler tout ce fragile équilibre. Alors que Joseph reste seul avec sa grand-mère, l’Assistance Publique veille… et décide quelques mois après qu’il doit être pris en charge. Commence alors une histoire si sombre sur les enfants orphelins, les enfants « délinquants » ou ceux que L’AP considère comme tels. Par pure injustice, leur quotidien est rythmé par la violence, la peur, l’humiliation, le travail…
J’ai retrouvé dans ce roman la plume très caractéristique de Véronique Olmi que j’avais précédemment découverte dans Bakhita. L’autrice use de phrases courtes, percutantes au pouvoir évocateur très puissant. La plume s’efface pour laisser toute la place à l’histoire. Les chapitres courts insufflent une sorte d’urgence à raconter cette histoire, afin de rendre justice à tous ces enfants victimes, plus d’un siècle plus tard.
À travers Joseph, elle a su rendre un grand hommage à ces enfants qui ont subi toutes les affres de la violence sans nom des adultes. La prison de la petite Roquette, les bagnes à l’image de Mettray sont autant de lieux, autant de hontes pour l’État Français. Ce sont aussi des bouts d’histoire dont on parle trop peu et qui mériterait un devoir de mémoire bien plus important.
Ce roman m’a évoqué le Nickel Boys de Colson Whitehead et son centre de redressement pour mineurs dans le Sud des États-Unis ou encore Traverser la nuit de Marie Laberge qui évoque les pensionnats autochtones Canadiens, autant d’endroits incarnant la honte pour les gouvernements qui les ont mis en place.
Ce roman pourtant n’est pas que sombre.
L’amour que Joseph a reçu étant enfant restera gravé en lui à tout jamais et lui permettra de garder tout au fond de lui une étincelle de lumière. C’est aussi ce qui lui permet de continuer à avancer, à garder espoir, à ne pas sombrer dans la violence, dans la maladie, dans la mort…
C’est aussi sa relation avec Aimé, un codétenu, qui apporte un sentiment d’humanité très fort dans ce roman. Cette relation est belle mais dans la France des années 30, elle est subversive, interdite. Alors ils doivent se cacher et prendre des risques.
La musique enfin joue un rôle primordial dans la survie de Joseph puis dans sa reconstruction. Tel un fil rouge, elle l’accompagne dans toutes ses étapes comme pupille de l’État et lui permet de s’évader, dans sa tête au moins.
En résumé, j’ai passé un magnifique moment de lecture auprès de Joseph et je ne peux que recommander la lecture de ce roman, ne serait-ce que pour le devoir de mémoire.
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