4e de couverture
Au soir de sa vie, grand-mère (kukum, en langue innue) depuis longtemps déjà, Almanda Siméon se retourne sur son passé et nous livre son histoire, celle d’une orpheline québécoise qui tombe amoureuse d’un jeune Amérindien puis partage la vie des Innus de Pekuakami (l’immense lac Saint-Jean), apprenant l’existence nomade et brisant les barrières imposées aux femmes autochtones.
Centré sur le destin singulier d’une femme éprise de liberté, ce roman relate, sur un ton intimiste, la fin du mode de vie traditionnel des peuples nomades du nord-est de l’Amérique et les conséquences, encore actuelles, de la sédentarisation forcée.
Son auteur Michel Jean, descendant direct d’Almanda Siméon, est un journaliste reconnu au Québec.
Mon avis
Bien que je vive au Québec depuis plusieurs années, je reste peu familière avec la littérature autochtone. J’ai abordé ce roman avec une curiosité mélangée d’intimidation, consciente de la difficulté du sujet.
Bien qu’il soit assez court, ce roman est extrêmement profond. Michel Jean relate avec beaucoup de tendresse la vie de sa grand-mère, Almanda, qui s’est mariée avec un jeune homme innu à l’âge de 15 ans. On suit son intégration au sein de ce peuple premier et son apprentissage des coutumes profondément ancrées dans le respect de la nature. Le quotidien est marqué par la difficulté de vivre au rythme des éléments et des saisons. Cependant, malgré toutes les difficultés auxquelles elle sera confrontée, c’est surtout le sentiment de liberté et d’amour qui en ressort.
Les liens familiaux sont particulièrement forts et c’est ce qui leur permet de survivre jour après jour. On y retrouve aussi bien sûr la force d’une communauté dont le principe central est l’entraide.
Ce roman évoque également la manière dont ces peuples ont été traités par le gouvernement Canadien, que ce soit à travers les pensionnats et les horreurs qui ont pu y être commises, mais aussi l’industrialisation à outrance forçant le déracinement de ces populations. Bien que ce volet soit un peu moins creusé par Michel Jean, on y ressent toute la rage et l’injustice que ces gens ont pu éprouver.
La magnifique plume de Michel Jean laisse toute la place à son sujet. On se laisse porter par son récit. Les lieux et les gens prennent vie et on quitte Almanda et les siens avec regret.
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