Info Edition
Folio – 2018
118 pages
4e de couverture
«C’est depuis cette seconde que je t’ai aimé. Je sais que les femmes t’ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t’a aimé aussi fort – comme une esclave, comme un chien –, avec autant de dévouement que cet être que j’étais alors et que pour toi je suis restée. Rien sur la terre ne ressemble à l’amour inaperçu d’une enfant retirée dans l’ombre ; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l’amour, fait de désir, et, malgré tout, exigeant, d’une femme épanouie.»
Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l’ombre, n’attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d’un enfant, symbole de cet amour que le temps n’a su effacer ni entamer. L’être aimé objet d’une admiration infinie mais lucide. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d’une femme qui se meurt doucement, sans s’apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu’elle admire plus que tout. La voix d’une femme qui s’est donnée tout entière à un homme, qui jamais ne l’a reconnue.
Avec Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig pousse plus loin encore l’analyse du sentiment amoureux et de ses ravages, en nous offrant un cri déchirant d’une profonde humanité. Ici nulle confusion des sentiments : la passion est absolue.
Mon avis
Il va m’être difficile de rédiger une chronique argumentée pour cette nouvelle de Stefan Zweig pour plusieurs raisons. La première est que je lis très peu de nouvelles, préférant d’ordinaire les formats longs. Étant peu habituée à ce format, ça a un côté un peu déstabilisant pour moi de par la structure utilisée.
La seconde et principale raison est que j’ai été totalement happée par ce récit. J’ai eu l’impression d’être en apnée tout le long de ma lecture. La maîtrise stylistique de Stefan Zweig n’est évidemment plus à prouver. Elle sert ici magnifiquement l’histoire que l’auteur met en place, qu’il tisse petit à petit. Sans même connaître les réactions du destinataire de la lettre, on peut très bien s’imaginer que lui aussi est happé du début à la fin de sa lecture. Toutes les scènes sont décrites avec une telle justesse que je n’ai eu aucun mal à me faire une idée des lieux, des situations ainsi que des sentiments de cette belle inconnue.
Au-delà des mots et de la poésie qui se dégagent de cette nouvelle, l’histoire en elle-même est tout autant magnifique. C’est tout à la fois doux, beau, triste, un peu fou aussi.
Après seulement quelques pages lues, je savais déjà que je me dirigeais tout droit vers un immense coup de cœur. J’ai d’ailleurs eu envie de relire le livre avant même de l’avoir terminé, ce qui prouve le bouleversement qu’il m’a procuré.
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