Le train des enfants – Viola Ardone

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 Naples, 1946. Amerigo quitte son quartier pour monter dans un train. Avec des milliers d’autres enfants du Sud, il traversera toute la péninsule et passera quelques mois dans une famille du Nord : une initiative du parti communiste vouée à arracher les plus jeunes à la misère après le dernier conflit mondial. 

Loin de ses repères, de sa mère Antonietta et des ruelles de Naples, Amerigo découvre une autre vie. Déchiré entre l’amour maternel et sa famille d’adoption, quel chemin choisira-t-il ?

S’inspirant de faits historiques, Viola Ardone raconte l’histoire poignante d’un amour manquée entre un fils et sa mère. Immense succès en Italie et en cours de traduction dans 29 pays, ce roman remarquable révèle une auteure d’exception.

J’ai débuté la lecture de ce roman en pensant y découvrir un pan sombre de l’histoire, la seconde guerre mondiale en Italie, des enfants déportés. 

Bien qu’il soit effectivement question de la fin de la guerre et d’enfants italiens déplacés, l’histoire est bien plus lumineuse et porteuse d’espoir que ce que j’imaginais.

On y suit le jeune Amerigo, orphelin de père, qui vit dans l’extrême pauvreté caractéristique du Sud de l’Italie, à Naples, avec sa mère. Pour sortir certains enfants de leur quotidien sans avenir, le parti communiste leur offre une porte de sortie grâce à la générosité de familles d’accueil du Nord de l’Italie qui vont leur permettre de découvrir une autre vie, au moins pendant quelques mois. Alors que ces familles ne sont pas riches, elles vont permettre à ces enfants d’enfin manger à leur faim, de se vêtir chaudement, de s’instruire, de s’amuser même… autant de choses qui sont devenues impossibles dans leur quotidien. 

Cet épisode sera marquant pour plusieurs enfants dont la vie se verra définitivement transformée. Certains choisiront de rester auprès de leur famille d’accueil, d’autres retourneront auprès de leur famille en gardant ces quelques mois comme un trésor au fond de leur coeur, et d’autres encore, comme Amerigo se sentiront écartelés toute leur vie entre leurs deux familles. D’un côté, la famille qui peut leur ouvrir les portes d’un avenir ensoleillé, grâce à laquelle d’autres choix sont possibles. De l’autre la famille de naissance, le sentiment de filiation qui reste ancré, quoi qu’il arrive.

Ce roman traite principalement de la solidarité, d’abord celle de la communauté dans laquelle Amerigo évolue à Naples, ensuite celle des familles qui vont accueillir de manière totalement désintéressée ces enfants en leur apportant confort, sécurité et amour. 

J’ai été déstabilisée par le choix de l’autrice d’utiliser la voix du petit Amerigo de 7 ans pour raconter son histoire. Bien que ce choix apporte de la légèreté bienvenue et qu’il fait naître de la tendresse pour ces gamins, l’utilisation d’un vocabulaire limité et le manque d’expérience provoquent un manque de profondeur dans le roman. 

J’aurais préféré entendre la voix d’un Amerigo adulte, qui se serait souvenu de cet épisode de sa vie et des impacts que celui-ci a eu sur sa vie. L’autrice aborde l’histoire de ce point de vue en toute fin de roman et c’est d’ailleurs la partie que j’ai trouvée la plus émouvante et intense. En effet, on y découvre un Amerigo beaucoup plus sensible, marqué par ses choix. 

Malgré la beauté et la sensibilité de l’histoire, je n’ai pas été complètement transportée par ce roman. La narration depuis le point de vue d’un enfant m’a parfois semblé trop limitée pour rendre toute la profondeur des événements vécus, bien que cette approche ait su apporter une tendresse indéniable. La dernière partie, avec la voix d’un Amerigo adulte, m’a davantage touchée et m’a offert la perspective plus mature que j’attendais. Une belle histoire qui, à mon sens, aurait pu gagner en intensité avec un angle narratif différent. 


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