4e de couverture
A la fin d’une chasse, pendant la curée, les chiens dévorent les entrailles de la bête tuée. Pour le jeune Zola qui déteste son époque, c’est le coeur de Paris, entaillé par les larges avenues de Napoléon III, que des spéculateurs véreux s’arrachent. Ce deuxième volume des Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire, est l’un des plus violents. Zola ne pardonne pas ces fortunes rapides qui inondent les allées du Bois d’attelages élégants, de toilettes de Worms et de bijoux éclatants. Aristide Saccard a réussi. Mais tout s’est dénaturé autour de lui : son épouse, Renée, la femme qui se conduit en homme, si belle et désoeuvrée, son fils, Maxime, l’amant efféminé de sa belle-mère. On accusa Zola d’obscénité. Il répliqua : « Une société n’est forte que lorsqu’elle met la vérité sous la grande lumière du soleil. »
Mon avis
Tout d’abord, quel bonheur de retrouver la plume si caractéristique de Zola ! À chaque lecture, je suis surprise par l’humour que Zola insuffle dans ses romans. Il a ce don de raconter son histoire sans compromis, se moquant tendrement de ses personnages et du décor dans lequel ils évoluent.
L’ambiance de La Curée est très différente de ce que j’avais pu découvrir avec La fortune des Rougon. Nous sommes loin de la campagne de Plassans et de ses habitants mesquins.
La haute bourgeoisie Parisienne est au cœur de ce deuxième opus. Les hommes, et en particulier Aristide, notre parvenu de Plassans, se livrent à des affaires plus ou moins honnêtes dans l’unique but de s’enrichir toujours plus. La grande transformation de Paris ordonnée par Napoleon III est prétexte à une spéculation immobilière sans fin, qui n’a rien à enlever aux bulles immobilières que nous avons pu vivre ces dernières décennies. Aristide profite de ses entrées à la Mairie de Paris pour obtenir des informations privilégiées grâce auxquelles il pourra s’adonner tranquillement à d’importantes opérations financières.
Pendant ce temps (ou cependant, comme Zola utilise ce terme), les femmes et maîtresses de ces hommes d’affaires papillonnent de bal en bal, échangeant leurs amants sans retenue ni remords. Seules les apparences comptent. Elles rivalisent d’effort et d’audace pour leurs toilettes, leurs bijoux, les soirées qu’elles organisent, leur voiture (à cheval bien entendu). C’est une débauche de luxe, et peu importe si elles vivent au-dessus de leurs moyens pour autant que tout le monde les voient.
La débauche se manifeste également dans les relations ambiguës et transgressives qui se tissent derrière les portes closes de ces salons parisiens. Sous les apparences d’une vie mondaine parfaitement réglée, des liens interdits se nouent, des passions secrètes s’enflamment. Dans cet univers, les conventions sociales ne sont qu’un voile léger masquant des désirs inavoués, où la frontière entre l’interdit et le permis devient floue. Le tout forme un ensemble délicieusement obscène mais c’est surtout un portrait truculent du Paris de la fin du XIXe siècle.
Laisser un commentaire