Pachinko – Min Jin Lee

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L’histoire nous a failli, mais qu’importe. 

Début des années 1930. Dans un petit village coréen, la jeune Sunja se laisse séduire par les belles paroles et tendres attentions d’un riche étranger. Lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte et que son amant est déjà marié, elle est confrontée à un choix : devenir, comme tant d’autres jeunes femmes dans sa situation, une seconde épouse, une « épouse coréenne » ou couvrir sa famille de déshonneur. Elle choisira une troisième voie : le mariage avec Isak, un pasteur chrétien qu’elle connaît à peine et qui lui offre une nouvelle existence au Japon.

Cette décision est le point de départ d’un douloureux exil qui s’étendra sur huit décennies et quatre générations. Avec une justesse historique remarquable et une écriture précise et dépouillée, Min Jin Lee nous offre, à travers un siècle de relations nippo-coréennes, un hymne intime et poignant à tous les sacrifices que font les immigrés pour trouver leur place en pays étrangers.

Ce roman-fleuve nous permet de découvrir, tout au long des 600 pages qu’il contient, la destinée de Sunja et de sa famille. Sunja, après s’être laissée éblouir par les belles paroles d’un homme plus âgé qu’elle, va vite se retrouver dans une situation compromettante pour elle et ses parents. En acceptant la proposition de mariage d’un pasteur Chrétien à l’espérance de vie réduite, elle va permettre de sauver son honneur et d’éviter l’opprobre à sa famille. 

Ce roman mêle de façon magnifique la douceur, qui transparaît notamment au travers de certains personnages, tels que Sunja ou Isak son époux et la noirceur des événements qu’ils devront tous traverser tout au long de leur vie difficile. 

Tous les personnages sont décrits en profondeur et sans concession. L’autrice ne cherche pas à nous les faire aimer à tout prix. Chacun revêt un côté sombre et un côté lumineux au travers desquels il essaye de naviguer tant bien que mal. 

Ce roman présente un volet historique important puisque la Seconde guerre mondiale, la colonisation du Japon et les événements politiques qui s’en suivent rythment de façon dramatique la vie quotidienne de la famille. Le volet psychologique est également prépondérant. Les sentiments des personnages vont les pousser à faire des choix, parfois judicieux, d’autres fois plus regrettables mais toujours avec leur cœur et qui auront des impacts sur eux-mêmes et leurs proches de façon durable.

On ne peut que saluer l’extrême résilience dont fait preuve chacun des membres de cette famille. 

Ce roman pose la question toujours si intemporelle et universelle de l’immigration et de l’intégration. Malgré tous les efforts qu’ils feront pour être considérés comme Japonais, ou en tout cas pour faire oublier leurs origines Coréennes, il restera toujours un détail qui les trahira. Ils seront, même après plusieurs décennies sur le sol Japonais, toujours considérés comme les étrangers, les colons, les moins que rien… 

Et finalement, on y découvre l’univers particulier du pachinko, et au travers de celui-ci, de la mafia Japonaise qui contrôle tout à un moment où tant de gens ont tout perdu. 

Ces 600 pages, découpées en chapitres assez courts, défilent toutes seules et m’ont permis de découvrir un magnifique roman et d’en apprendre beaucoup sur l’histoire de la Corée.


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